Finie la solitude

Désiré était soucieux. Le garçon n’allait vraiment pas bien. Là, il avait l’air de s’être endormi. Cela lui éviterait sans doute de stresser par rapport à son arrivée dans le royaume des ténèbres. L’espion pouvait comprendre que cela devait lui faire un choc. Surtout qu’il était jeune ce petit. Il n’avait pas dû voir beaucoup de pays dans sa vie donc raison de plus de faire attention à son arrivée dans ce monde qu’il ne connaissait pas. Le rouquin lui-même avait eu du mal à se faire à sa nouvelle vie en ville, alors qu’il venait de la campagne du royaume des ténèbres. Il n’y avait pas de gros changements niveau individus que l’on rencontrait mais niveau façon de vivre, c’était tout à fait différent. Alors il devrait faire attention à son esclave. Après tout, il ne savait pas d’où il venait et quel serait son comportement face à ce changement.

Le blondinet commença à s’agiter dans son sommeil et bientôt à parler. Il pleurait, appeler des gens, supplier quelqu’un de ne pas lui faire de mal. Désiré se douta que ce quelqu’un devait être lui. Tout le monde connaissait les maltraitantes subies par les esclaves. La plupart des maîtres n’était pas douce avec leurs serviteurs. Mais, même si l’espion pouvait se montrer violent lorsqu’on l’énervait, il n’offrait jamais de méchanceté gratuite. Il fallait vraiment qu’on l’y pousse à bout. Mais, si jamais ce garçon lui tapait sur les nerfs, il tacherait de se contrôler. Il partait rapidement au quart de tour donc là, il allait faire attention. Il ne voulait pas passer pour un monstre ou un maître violent. Il allait tout faire pour que tout se passe pour le mieux et déjà, il fallait qu’il le soigne.

« Calme-toi p’tit, on est bientôt arrivé. » prévint Désiré en passant une main dans les cheveux blonds du garçon.

Quelques minutes plus tard, le taxi s’arrêta devant chez le rouquin. Celui-ci paya la course puis prit délicatement son jeune esclave dans ses bras, évitant de lui faire trop mal. Il sortit ensuite de la voiture et s’engouffra dans l’immeuble. Il prit l’ascenseur pour aller au dernier étage du bâtiment, là on se situait le plus grand appartement et celui avait la meilleure vue. Il ouvrit la porte, non sans mal avec le garçon dans ses bras. Il alla ensuite le poser sur le lit d’ami qu’il avait préparé avec des draps propres. Le pauvre blondinet ne payait pas de mine comme ça. En plus, à voir les tâches sur ses vêtements, des blessures avaient dû se rouvrir sur son corps frêle. Il fallait les désinfecter. Un bon bain lui ferait donc du bien et ensuite, Désiré soignerait mieux ces blessures. Il se dirigea donc vers la salle de bain et fit couler un bain chaud. Il allait devoir laver son esclave lui-même vu que celui-ci ne pouvait pas faire le moindre mouvement, étant trop faible. Le rouquin revint donc dans la chambre d’ami et se décida à déshabiller le garçon.

« T’inquiète pas p’tit, j’vais pas t’faire d’mal. J’vais t’faire prendre un bon bain. » expliqua t-il pour le rassurer, bien que cela ne devait pas vraiment avoir le résultat voulu.

Comment faire confiance à un inconnu ? Surtout lorsque celui-ci vous déshabiller entièrement. Tout en faisant cela, Désiré répétait au garçon de ne pas bouger, sous peine d’aggraver son état. De toute façon, le blondinet était bien trop faible pour empêcher l’espion de faire ce qu’il désirait. Et, après lui avoir retiré tous ses vêtements, le rouquin porta doucement le garçon dans ses bras jusqu’à la salle de bain. Il coupa l’eau, vérifia la température puis plongea le jeune homme dans l’eau tiède. Ni trop chaud, ni trop froide. Une nouvelle fois, Désira glissa une main dans les cheveux du garçon, tout en s’assurant que sa tête n’aille pas sous l’eau. Il prenait vraiment soin de lui. Il tenait à ce que le jeune homme se sente mieux et en sécurité avec lui. Ce n’était sans doute pas gagné mais au moins, Désiré faisait de son mieux.

« Je m’appelle Désiré. Ne m’appelle pas « maître », j’suis pas comme ça moi. Appelle moi par mon prénom… Je sais que tu ne te sens pas bien, que j’dois te soûler mais je veux mettre les choses au clair tout d’suite. Si j’t’ai acheté, c’est pour avoir un peu d’compagnie, pas comme jeu sexuel ou je n’sais quoi. J’aime pas avoir cette sensation que tu ne m’crois pas mais… Ca m’f’rait plaisir que tu me fasses confiance rapidement. Comme ça, ça s’ra réciproque et puis on pourra bien s’entendre. » dit-il en lui faisant un petit sourire.

Damien ne se rendait compte de rien, il ne faisait que cauchemarder, il ne se réveilla que lorsque son nouveau maître le prit dans ses bras, et ce fut à cause de la douleur. Il paniquait intérieurement alors qu'il était peu à peu déshabillé. L'explication ne le rassura pas, sa grande imagination le poussait à imaginer les pires scénarios. Malgré sa peur et la brûlure que causa l'eau sur ses blessures, un soupir de bien-être passa ses lèvres. Il ouvrit légèrement les yeux et écouta les paroles de Désiré. Il parla alors, d'une voix rauque et faible qui laissait parraître tous ses maux:

"Ramenez... moi... chez... mon... frère..."

Il respira un coup. Simplement parler lui prenait tant d,efforts.

"Je... vous... en... supplie..."

Le pauvre petit pleurait, ayant ancré son regard glacé embrouillé par la faiblesse dans celui de son maître. Il tenta de se redresser mais retomba lamentablement, perdant connaissance par la même occasion.

Désiré écouta attentivement chacune des paroles du garçon. Apparemment, il avait de la famille. Un frère. L’espion avait toujours pensé que les esclaves finissaient dans ces boutiques car ils n’avaient plus de famille. En fait, l’état d’esclave était encore plus cruel qu’il ne l’aurait pensé. Et ce blondinet n’était vraiment pas gâté. En plus d’être réduit à l’esclavage, il était malade et séparé de sa famille. Désiré savait trop bien ce que c’était que d’être loin des siens, bien que lui l’avait décidé par lui-même et non sous la contrainte. Pauvre garçon. Et, avant que le rouquin n’ait pu lui poser la moindre question, le jeune homme s’évanouit.

« Fais chier… » jura Désiré en gardant une main derrière la tête du garçon et en commençant à retirer sa veste.

Il déboutonna aussi sa chemise et retira la manche qu’il pouvait retirer, avant de changer de main pour tenir le garçon et retirer complètement son haut. Ainsi, il ne mouillerait pas ses vêtements et pourrait bien s’occuper du malade. Ce n’était pas son métier mais il s’était déjà occupé de certains de ses frères. Là, ce ne devait pas être trop différent… Il se redressa et prit le garçon dans ses bras pour le remonter un peu, ne voulant prendre aucun risque de noyade. Et, tout en le tenant contre lui, il saisit un gant de toilette, le posa sur le rebord de la baignoire pour pouvoir mettre du gel douche dessus avant de le reprendre et de commencer à nettoyer le garçon. Ce n’était pas facile avec une seule main mais il y parvenait tout de même. Il fit attention aux blessures qu’il désinfecterait mieux après.

« Evite de faire le moindre mouvement ou d’parler. Ca t’fatigue encore plus et vu ton état, c’est pas bon. » conseilla t-il, ne sachant pas si le garçon l’entendait ou pas.

Il finit de laver le corps du garçon avant de s’apprêter à lui faire son shampooing. Mais il mit un moment avant de savoir comment s’y prendre. Il garda une main derrière la tête du jeune homme avant de se mettre derrière lui. Il passa ensuite un bras sous son bras et posa sa main sur son torse pour mieux le plaquer contre le bord de la baignoire, pour ne pas qu’il glisse. Il prit ensuite le gant de toilette et mouilla les cheveux du blondinet. Il le shampooina ensuite et rinça le tout. Le bain finit, Désiré tendit son bras libre pour attraper une grande serviette propre puis souleva le garçon à l’aide de son autre bras pour l’enrouler dedans. Heureusement qu’il était aussi musclé sinon il n’aurait jamais pu sortir le malade de cette baignoire.

Pour le sécher, il s’assit sur une chaise et le posa sur ses genoux. Par chance, il était patient dans ce genre de moment. Et puis, il ne pouvait pas laisser tomber le garçon comme ça. Il fallait qu’il s’occupe bien de lui, pour éviter tous problèmes. Et, un fois le malade propre et séché, Désiré se leva et alla l’allonger dans le lit d’ami. Il se dirigea ensuite vers sa chambre pour aller prendre un caleçon propre. Ce n’était pas la taille du garçon mais au moins celui-ci ne dormirait pas nu. L’espion le lui enfila et retourna dans la salle de bain pour vider la baignoire, la laver rapidement et prendre de quoi désinfecter les blessures du blondinet. Il revint ensuite dans la chambre d’ami et imbiba un coton avec le désinfectant.

« Ca va piquer mais au moins, ça désinfectera tes blessures. » prévint-il, préférant parler au garçon si jamais celui-ci l’entendait et l’écoutait. « Ca va aller. C’est qu’un mauvais moment à passer. Après tu pourras dormir. » dit-il en posant le coton sur la première blessure.

Damien reprit connaissance de se qui l'entourait quand son maître commença à le laver. Il hocha simplement la tête suite au conseil de Désiré, se laissant faire. Il craignait un peu que l'homme tente de profiter de la situation, mais bon, il n'avait pas vraiment la force de faire quoi que ce soit. Il laissait parfois passer quelques gémissements de douleur, mais sinon il devait avouer que ça faisait du bien de ne plus se sentir entièrement sale. Il se détendit un peu plus lorsqu'il eut un boxer, au moins, ça lui prouvait un peu que son acheteur n'avait pas que des mauvaises intentions. Il ouvrit un oeil en entendant Désiré revenir. Il se tendit en voyant le désinfectant. Ses lèvres bougèrent, formant un mot, mais aucun son ne sortit alors que Damien tentait de dire:

"Non..."

Un cri douloureux se fit entendre aussitôt que le coton toucha la première blessure. Le pauvre petit blond avait toujours eut horreur du désinfectant car il n'était pas du tout résistant à la douleur. Il ne tint pas bien longtemps et retomba dans l'inconscience.

Ce fut quelques heure plus tard, il se réveilla en sursaut, en larmes, ayant cauchemardé encore. Il tenta de se redresser au moins un peu, mais sans réussir. Il dû utiliser toutes ses forces pour parvenir à se recroqueviller sur lui-même. Il ne cessait de pleurer. Une plainte murmurée passa ses lèvres:

"Lylys... pourquoi... tu m'as... menti?"

Il tremblait, il avait vraiment peur...

Désiré leva ses yeux au ciel lorsque le malade s’évanouit de nouveau. Quelle chochotte. Ce n’était que du désinfectant. Ce n’était pas agréable mais supportable tout de même. Mais apparemment, ce jeune homme ne supportait vraiment pas la douleur. Etait-ce parce qu’il n’avait pas l’habitude d’avoir mal ? Qu’il faisait exprès de se tordre de douleur pour que l’on s’occupe de lui ? Qu’il avait une santé trop fragile ? Comment l’espion pouvait-il le savoir vu que le blondinet ne lui parlait pratiquement pas. Tout ce que celui-ci faisait c’était se plaindre. Mais ces lamentations n’y changeraient rien. Il n’était pas de taille à affronter Désiré et surtout, n’en avait pas la force. Alors qu’il se taise et qu’il laisse le rouquin s’occuper de lui.

Lorsqu’il eut fini de désinfecter toutes les plaies, l’espion alla mettre les cotons qui avaient servis à la poubelle et rangea la bouteille de désinfectant. Dehors, le soleil était sur le point de se coucher. La nuit ne tarderait pas à faire son apparition. Désiré alla donc fermer tous les volets des fenêtres de son appartement puis se déshabilla pour enfiler par la suite son pyjama qui se résumait à un pantalon. Il se permit une pause réflexion, qui ne dura pas bien longtemps d’ailleurs. Le choix était vite fait, il allait dormir avec le jeune homme cette nuit. Pas dans le lit mais à son chevet. Si le malade devait mourir, autant qu’il ne le fasse pas seul. Mais Désiré pensait l’avoir bien chouchouté pour qu’il reste en vie.

Il prit donc un fauteuil qu’il poussa jusqu’au lit du garçon et s’y installa. Il tendit le bras pour appuyer sur l’interrupteur et éteignit la lumière. L’appartement était maintenant baigné dans l’obscurité, mais quelques fins rayons de lumières de l’extérieur rentraient tout de même dans l’habitation, par le biais des légers trous qu’il y avait dans les volets. Au moins, ainsi, on pouvait avec un peu d’effort apercevoir les contours des meubles et autres objets de la chambre d’ami. Et, après quelques minutes à veiller le malade, Désiré s’endormit. Il était vraiment fatigué et pensait avoir une journée difficile le lendemain avec ce garçon qui ne comprenait pas qu’il ne lui voulait que du bien.

Mais, quelques heures après être tombé dans un sommeil sans songe, le rouquin fut réveillé en sursaut par un mouvement brusque près de lui. En entendant la respiration du garçon, Désiré sut que celui-ci était réveillé. Et, pour confirmer cela, un murmure parvint à ses oreilles. Lylys ? C’était qui celui-là ? Et en quoi avait-il menti ? Etait-ce à cause de lui si ce jeune homme était dans cet état et avait atterri dans cette boutique pour esclave ? Si c’était cela, il ne méritait pas que le blondinet pleure pour lui. Il n’avait le droit qu’à de l’indifférence ou une bonne vengeance. Désiré était plus pour la deuxième option. Des bons coups bien placés et ce Lylys comprendrait qu’il avait fait une connerie.

« C’est qui ce Lylys ? » demanda t-il d’une voix ensommeillée. « Ton p’tit copain ? »

Damien sursauta en entendant la voix de son maître. Il tourna légèrement la tête vers celui-ci avant de revenir à sa position initiale, trop épuisé pour se tourner complètement vers Désiré. Il garda le silence un moment avant de murmurer d'une voix très faible:

"Il est tout pour moi... et je ne suis rien sans lui..."

Ses pleurs s'amplifièrent et il se sentait étouffer par la peine. il parvint à recommencer à respirer normalement et souffla:

"C'est... mon frère..."

Il n'en dit pas plus, il ne voulait pas que l'homme en apprenne trop et que ça nuise à son frère aîné. Quoi que celui-ci le mériterait peut-être. Et puis, il ne voulait pas non plus qu'il apprenne la relation incestueuse se passant entre les deux frères. Le blond parvint à se tourner vers Désiré et il ne put s'empêcher de se confier, il sentait que ça allait l'étouffer s'il ne faisait rien.

"Pourquoi il a pas envoyé personne me chercher? Il avait dit que son conseiller disait des mensonges... Mais il m'a abandonné quand même..."

Le blondinet semblait vraiment souffrir de la trahison qu'il avait subi. Il aurait tant aimé se trouver devant son frère, qu'il le câline, l'embrasse, le console. Le regard bleu ne montrait rien d'autre que la peine, la douleur.

Encore un peu dans le pâté, Désiré écouta néanmoins le jeune homme. Il dut faire preuve d’une grande attention pour entendre ce que celui-ci lui disait. Apparemment, ce Lylys dont il lui parlait était son frère. Il avait l’air très proche de lui. Normal donc qu’il veuille retourner chez lui au plus vite. Il désirait revoir son frère qui, selon lui, était tout pour lui. Peut-être étaient-ils orphelin alors. Ou alors leurs parents ne leur accordaient pas grande importance. L’espion l’apprendrait sûrement bien vite. Il analysait les moindres paroles du jeune homme pour en apprendre plus sur lui. C’était son métier d’être ainsi. Sauf que là, il n’en informerait pas le prince. Ce n’était pas ses affaires.

« Si ton frère a un conseiller, c’est qu’il doit avoir une place importante chez toi. » remarqua qu’il avec un air curieux et soucieux.

Que pouvait être le frère de ce garçon ? Un riche homme sans doute. Peut-être quelqu’un proche du prince. Ou le prince lui-même. Non, c’était impossible. Un château était bien trop surveillé. Le frère du prince n’aurait pas pu se faire enlever. Donc ce Lylys n’était pas prince mais avait tout de même une place importante dans le royaume. C’était bien à savoir mais cela pouvait être dangereux. Si cet homme avait beaucoup de pouvoir chez lui, il devait connaître le prince et pouvait lui demander de venir chercher ce garçon ici. Désiré ne voulait pas que des soldats débarquent chez lui ou bien fassent la guerre à son royaume. Mais, d’un côté, le jeune malade avait l’air de dire que son frère l’avait abandonné. C’était peut-être une bonne chose pour l’espion…

« S’il t’a abandonné, il n’mérite pas que tu penses à lui. C’est p’tête mieux que t’aies quitté ta maison. Ici au moins, tu pourras refaire ta vie. T’es pas mon prisonnier. » prévint-il pour que le garçon comprenne bien que Désiré n’était pas comme les maîtres dont on s’en faisait l’idée.

À la première phrase de Désiré, il répliqua:

"Vous n'avez même pas idée..."

Il tenta d'essuyer ses larmes, mais elles continuaient de couler. Il écouta son maître et ne put que répondre:

"Refaire ma vie? Comment pourrais-je refaire ma vie, ma vie se résume à lui! Il est tout pour moi. Un de mes pères est mort en me donnant naissance, l'autre est mort dans un accident que nous avons eut, tout ce qui me reste c'est mon frère..."

Il se tut un moment, incapable de continur à parler. Il prit un grand respire et continua:

"Je peux pas vivre sans Lylys... j'ai besoin de lui... je veux pas vivre sans lui... J'ai tellement peu que si je le revois j'apprenne que c'est lui qui a demander à son enfoiré de conseiller de me fair kidnapper et vendre comme esclave..."

Il se recroquevilla un peu plus ur lui-même et ajouta:

"Je voudrais tant être dans ses bras et il me câlinerait pour me consoler et me dirais que je me fais des idées..."

Il arrêta de parler, il pleurait déjà trop et ne voulais pas pleurer encore plus.

Désiré écouta les lamentations du jeune homme. Il était tombé sur un mélodramatique. Il détestait les gens comme ça. Cela lui tapait sur les nerfs d’écouter ce genre de récits. Mais il devait avouer que celui de ce garçon était divertissant. Deux pères morts, seul avec son frère. Personne ne pouvait se vanter d’avoir une histoire pareille. L’espion avait ses deux parents et huit frères. Il s’en plaignait un peu mais avait trouvé pire… même s’il n’aimait pas écouter ça. Mais bon, dans son travail, il devrait sûrement en écouter d’autre. Donc autant laisser ce garçon vider son sac. Plus il en saurait sur lui, mieux ce serait. Il pourrait utiliser par la suite ces informations. Mais bon, là, c’était tout de même dégoûtant ce que le blondinet lui racontait !

« Erk arrête ! On dirait que t’es amoureux d’ton frère ! » s’exclama t-il sans préambule.

Bah c’était vrai que c’était horrible de penser que deux frères pouvaient coucher ensemble, non ? Rien qu’avoir cette idée fit frissonner Désiré. Il pouvait bien croire que le jeune homme aimait bien son frère et que parfois, ils pouvaient avoir tous deux des moments de tendresse mais… avec les paroles de ce blondinet, on pouvait penser autre chose. L’espion appréciait bien ses frères mais il ne leur avait jamais fait de câlins ou de trucs du genre. Il n’était pas très proche avec les gens, même avec les membres de sa famille. Encore moins avec eux même d'ailleurs. Il ne savait pas pourquoi.

« Arrête de pleurer. Si t’as envie d’lui parler, tu pourras. J’te passerai le téléphone ou l’ordi. Mais tu l’reverras pas avant un moment. Faut quand même que tu restes ici histoire que j’en ai pour mon argent. Je t’ai pas acheté pour te laisser t’barrer après. Donc interdiction de lui dire où t’es. Surtout s’il a une place importante comme tu l’dis. »

Il voulait bien être gentil mais il y avait des limites. Il craignait d’avoir des problèmes si jamais le frère de ce garçon était haut placé chez lui. Et si jamais il avait des problèmes, cela pourrait en apporter aussi au prince Soshaku. Donc autant éviter tout risque de fuite de la part de ce blondinet qui avait l’air d’avoir repris des forces en quelques heures. Mais ce n’était pas en pleurant qu’il allait les garder ces forces. Donc il ferait mieux de se calmer, comme le lui avait conseillé Désiré. L’espion ne voulait pas que son esclave soit de nouveau à l’agonie.

Damien fut bleser par les propos de Désiré, se disant encore plus que mieux valait que personne sache a propos du couple que formaient. Il s'exclama alors:

"Je suis pas amoureux de lui! Mais ça fait 12 ans qu'il s,occupe de moi, malgré ses responsabilités, il s'occupe beaucoup de moi car j'ai une santé fragile, c'est normal qu'on soit proche! Vous avez vraiment un esprit mal tourné, malgré notre proximité jamais personne autour de nous n'a pensé une telle chose. Et puis se serais stupide vu la place qu'il occupe de mettre sa réputation en danger."

Il n'arrivait pas à arrêter de pleurer et il le fit bien comprendre à son nouveau maître.

"Comment pourrais-je arrêter de pleurer? Je suis loin de la seule chose qui me donne une raison de vivre! Et si en communicant avec lui je découvre qu'il ne voulait plus de moi et qu'il est mieux sans moi? J'y survivrai pas..."

Il n'arrivait même plus à parler. Au bout de quelques minutes, il murmura:

"Laissez-moi seul, je vous en pris, vous pouvez pas comprendre..."

Plus le blondinet parlait, plus il offrait des informations à Désiré. L’espion en était ravi. Cela ne devait pas courir les rues un homme avec une place importante, n’ayant plus ses parents depuis douze ans et avec un frère à charge. Quelques recherches s’imposaient donc. Ce garçon attisait sa curiosité. Comment ne rien faire avec toutes les informations qu’il lui donnait. C’était impossible, surtout pour le rouquin. C’était son métier d’être curieux. Le travail d’espion était fait pour lui. Il lui collait à la peau. A part peut-être au niveau de la patience. Désiré avait du mal à rester sans agir, surtout lorsque quelque chose l’énervait. Et là, c’était le cas. Ce blondinet avait beau l’amusé en lui offrant aussi facilement autant d’informations mais en même temps, son côté mélodramatique commençait vraiment à lui taper sur les nerfs.

« Non, je reste. C’est là que tu fais un malaise et que tu me clamses entre les doigts, je serais bien emmerdé. Donc en cas de problème, je reste. » répondit-il, un peu froidement.

Non mais ce morveux était l’esclave et il se permettait de donner des ordres à son maître ? Pour qui il se prenait ? Apparemment, dans son royaume, il devait être un enfant gâté. Grâce à la place qu’occupait son frère, les gens devaient être à son service et lui donnaient tout ce qu’il voulait. Mais Désiré n’allait pas se plier à ses caprices. Il était chez lui ici. Et puis, c’était lui le maître. Il n’était pas trop pour la relation maître/esclave mais là, il se demandait si ce n’était pas mieux avec ce garçon qui se croyait tout permis. L’espion allait lui montrer qu’il était le plus fort ici. Et il allait essayer de lui faire arrêter de pleurer parce que cela l’énervait. Ce garçon n’arrêtait pas de se plaindre et c’était l’une des choses dont avait horreur le rouquin.

« Tu n’arrêtes pas de dire que ton frère est très proche de toi, que ça fait douze ans qu’il te coltine, qu’il s’occupe de te soigner. P’tête bien que j’peux pas comprendre votre proximité mais je peux t’dire qu’à la place de ton frère, j’t’en voudrai de dire qu’il s’en fout de toi et qu’il a voulu se débarrasser de toi. J’ai huit frères moi et je peux te dire que, même si je n’suis pas aussi proches d’eux que toi et ton frère, j’les laisserai jamais tomber. J’comprends pas c’qui traverse ta p’tite tête blonde mais à mon avis, la fièvre te fait délirer ou alors t’es maso. Tu te montes des scénars juste pour t’faire souffrir. Alors maintenant, tu t’la fermes et tu respectes ton frère. » s’exclama Désiré, un peu énervé.

Il ne connaissait pas ce Lylys mais il prenait tout de même sa défense, même si l’homme faisait parti d’un royaume ennemi. Heureusement que l’espion n’était pas le frère de ce blondinet imbécile sinon il lui aurait offert un joli bouquet de phalanges en pleine figure. Il ne tolérerait jamais que l’un de ses frères l’accuse d’avoir voulu se débarrasser de lui. C’était pour cela qu’il se mettait dans cet état. Il était sûr que ce garçon était quelqu’un de pourri gâté. Personne ne devait rien lui refuser et pour combler les souffrances qu’on lui évitait au quotidien, il s’imaginait des choses invraisemblables et se faisait souffrir inutilement. Alors, s’il manquait de souffrance, Désiré allait y remédier. Là il l’engueulait mais si le garçon en voulait encore, il en aurait. Non mais quel débile celui-là !

Damien fut déçu d'entendre qu'il ne pourrait pas être seul. Mais la suite des paroles de Désiré lui fit mal et il répliqua automatiquement en lui jetant un regard noir:

"Ce n'était qu'une parure, s'il voulait vraiment me revoir, au nombre d'esclaves qu'il a venant de tous les royaumes, il arait pu en envoyer un pour aller me chercher! Mais bon, j'ai compris, je me tais, maître."

Il réussit avec difficulté à se positionner de manière à tourner le dos à son maître. Il continuait de pleurer silencieusement. Il finit par murmurer:

"Rien ne sert de me veiller, je veux crever et j,arriverai à partir ce monde affreux..."

Dans sa tête, il tentait de se préparer un plan de manière à en finir rapidement, mêmesi ça l'enchantait peu...

Désiré leva les yeux au ciel aux paroles du jeune homme. Ce blondinet était vraiment une tête de mule en plus d’être énervant. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Pourquoi en voulait-il autant à son frère ? L’espion ne pensait pas que ce Lylys soit une belle enflure même s’il venait d’un royaume ennemi. S’il avait réussi à s’occuper de son frère durant tout ce temps et qu’il avait pu rester vivant malgré le caractère de ce garçon, c’était qu’il était fort et attentionné. Et il avait sans doute envoyé des esclaves à sa recherche sauf qu’ils ne l’avaient pas retrouvé, voilà tout. Cela signifiait donc qu’ils étaient encore à sa recherche et que Désiré devrait faire attention lorsqu’il sortirait. Il ne voulait pas avoir de problème et apparemment, s’il sortait avec ce blondinet, il en aurait sûrement. Qui pouvait bien être ce Lylys ? Le rouquin sentait qu’il y avait quelque chose de bizarre chez lui. Il devait être très puissant selon ce que lui avait révélé ce jeune homme.

« Je t’ai dis que je restai ! Tu ne vas pas m’donner des ordres en plus de me faire chier ! » s’écria Désiré, vraiment énervé là.

Et lorsqu’il était énervé, il valait mieux faire attention. C’était que notre petit espion pouvait devenir facilement violent. Et ses coups ne faisaient vraiment pas de bien. Et puis cet imbécile parlait, plus il énervait le rouquin, ce qui n’était pas bon pour tous les deux. Vouloir mourir pour quitter ce monde affreux… N’importe quoi. En plus de tous les défauts qu’il avait fait découvrir rapidement à Désiré, ce garçon était suicidaire. L’espion avait vraiment gagné le jackpot. Il allait devoir s’occuper plus de lui qu’il ne l’aurait pensé. Avant de le faire un peu travailler, il allait devoir lui remonter le moral et lui faire changer ses idées sur son frère. Et vu que la manière douce ne marchait pas avec lui, autant employer la manière forte. Désiré se leva donc de son fauteuil et alla s’asseoir sur le lit du blondinet. Il posa ses mains sur son bras et l’obligea à se retourner, un peu violement il fallait l’avouer. Mais il était énervé.

« Ecoute, tu vas arrêter tes conneries, d’accord ? J’ai pas envie que tu crèves. J’vais te le faire oublier ton imbécile de frère. Après, tu t’sentiras mieux et tu arrêteras de chialer. Et ne dis pas que tu n’arriveras pas à l’oublier ou je n’sais quoi parce que ça risque de m’énerver encore plus. » expliqua t-il en obligeant le garçon à le regarder.

En entendant l'exclamation de Désiré, Damien sembla se recroqueviller un peu plus sur lui-même. Il poussa un gémissement de douleur quand il se fit retourner. De la peur était apparente dans ses yeux. Il ne connaissait pas son maître et donc ne savait pas s'il était dangereux ou pas. Il détournait le regard, ne voulant pas supporter celui du rouquin.

*J'ai pas le droit de le dire, mais je peux tout de même le penser... Il a de gros espoirs pour me faire oublier Adélys...*

Le blondinet ne dit pas à voix haute ses pensées mais marmonna quand même:

"Vous croyez aux miracles..."

Il soupira et ajouta:

"Comment comptez-vous réussir cela?"

Il tenta de retourner à son ancienne position, mais n'y arriva pas.

"Je ne pense pas que vous arriverez à me faie sentir mieux..."

Désiré respira profondément. Il était fatigué et ce petit insolent ne faisait que l’énerver. Mais il devait rester calme. S’énerver n’apporterait rien de bon. Que lui était-il passé par la tête lorsqu’il avait vu cet humain en cage ? Pourquoi l’avait-il acheté ? Il commençait à regretter son geste. Mais maintenant qu’il l’avait acheté, il n’allait pas le revendre. Il s’était mis en tête de le guérir et c’était ce qu’il allait faire. Mais comment guérir quelqu’un d’aussi borné ? Le blondinet voyait tout en noir et pensait que rien n’était possible. Il n’avait que le nom de son frère à la bouche et à l’esprit. Il fallait vraiment lui changer les idées sinon ce serait invivable.

« C’est mal me connaître. » répondit l’espion à la dernière réplique du garçon.

Désiré parvenait toujours au but de ce qu’il s’était fixé. Il était obstiné et aussi borné que le jeune homme, si ce n’était plus. Il arriverait à le faire aller mieux. Ce n’était pas possible d’aller plus mal de toute façon. Envisager le suicide, non mais quelle idée. C’était que ce petit imbécile voulait salir les beaux draps blancs de Désiré avec son sang ! Ou alors l’encombrer de son cadavre. Ce n’était pas que le garçon était lourd mais qu’allait faire le rouquin de son corps ? Il n’allait tout de même pas aller au royaume où vivait normalement le jeune homme pour lui offrir une belle sépulture. Ce serait carrément du suicide. On allait croire que c’était lui qui avait tué cet imbécile.

« Bon, déjà tu vas te rendormir et reprendre des forces. On continuera cette conversation plus tard. Et si tu tentes quoique ce soit, je serai là, donc… Tu veux peut-être boire quelque chose avant de dormir ? » demanda t-il poliment.

En entendant ce qu'avait à dire son nouveau maître à propos de ses paroles, Damien ne put s,empêcher de laisser passer un mumure:

"Bon courage alors..."

Il toisa Désiré du regard, amusé par ses dernières paroles. Il serait là si le blond tentait quelque chose... Mais il venait aussi de lui demander s'il voulait quelque chose à boire et si le petit prince acceptait, l'homme devrait le laisser seul pour aller lui en chercher. Le blondinet ne dit rien pendant un petit moment, pensant simplement. Il avait mal à la gorge alors boire un peu lui ferait sûrement du bien. Il répondit alors timidement:

"J'aimerais avoir de l'eau s'il vous plait..."

Ceci dit, il n'avait pas envie de se rendormir. Il savait déjà qu'il allait cauchemarder et ça ne lui plaisait pas du tout. Ses mauvais rêves le laissaient plus épuisé qu'autre chose et il n'avait du tout envie d'être effrayé en plus d'être épuisé.

Damien avait fait un minuscule sourire alors que Désiré alla lui chercher de l'eau. Ça allait lui faire du bien. Cependant, sa fatigue prit le dessus sur lui et avant même d'avoir le temps d'entendre son maître dire qu'il allait revenir bientôt, il s'endormit. Ses cauchemars l'attaquèrent en force.

~*~

Adélys apparu accroché au bras d'un autre homme.

"Fiche-moi la paix, j'ai pris soin de toi assez longtemps, maintenant, je prends soin juste de moi... Et de mon nouveau chéri si sexy!"

Un peu derrière se tenait le conseiller animorphe guépard qui le regardait de haut.

"Je t'avais avertis sale môme que ton frère t'aimais pas, que t'étais qu'un boulet!"

Damien se mit à courrir, pleurant à flot. Soudain apparu devant lui son père... exactement comme il était a l,accident, alors qu'il était déjà mort...

"Chaton, regarde-moi... Notre accident a fait beaucoup de dégât, non? Je suis mort et tu n'as rien eu..."

~*~

Toutes ces images défilaient devant ses yeux et le faisaient paniquer. Il se réveilla en criant, ce cri dvint rapidement un cri de douleur car il s'était relevé d'un coup, se faisant extrèmement mal. Il retomba lourdement sur le lit, des larmes coulant à flot le long de ses joues. Il se replia sur lui-même, ayant une grande difficulté à respirer, il tentait de reprendre une respiration normale sans vraiment y parvenir.

Et à peine fut-il rentré dans la chambre d’ami que Désiré sursauta et renversa un peu d’eau sur son torse nu à la peau hâlée. L’image aurait pu faire rêver plusieurs personnes mais vu la tête de l’espion, ces personnes seraient vite parties en courant. Il bouillait intérieurement et les traits de son visage reflétaient son état. Ce gamin allait le rendre dingue. Pourquoi gueulait-il encore ? On se croirait dans un abattoir à cochons. Sans doute que cet imbécile avait encore fait un cauchemar. Ce devait être une habitude chez lui. Si cela continuait, Désiré allait finir par lui donner une bonne dose de somnifère pour que ce blondinet tombe dans un profond sommeil sans songe.

Le rouquin s’approcha du lit du garçon, posa la bouteille d’eau sur la table de chevet et essuya rapidement de sa main libre l’eau ayant coulé le long de son torse. Il posa ensuite le verre d’eau à côté de la bouteille, remarquant que son invité n’était pas vraiment en état de boire. Et, pour avoir une meilleure visibilité de ce qui se passait, il alluma la petite lampe qui se trouvait près du lit. Le jeune homme n’avait vraiment pas l’air bien. Son visage était pâle, sa respiration rapide, son corps replié sur lui-même. Son cauchemar avait dû être assez violent. Son frère surnommait Lylys en avait-il fait partie ? Ce personnage avait vraiment l’air de le tourmenter.

« Calme-toi, ce n’était qu’un cauchemar. » tenta Désiré en passant une main dans les cheveux blonds du garçon.

Celui-ci était en sueur et son visage inondé de larme. Et à voir comment il se tenait, il devait avoir mal. Des antidouleurs lui feraient donc du bien. L’espion alla donc dans la salle de bain pour chercher ces médicaments dans l’armoire à pharmacie. Il ne mit pas bien longtemps à les trouver, étant souvent sujet à des maux de tête et ayant recours aux antidouleurs pour calmer la douleur. Le médecin lui avait dit que c’était parce qu’il n’était pas encore assez habitué aux bruits de la grande ville, à la pollution et tout cela, à cela s’ajoutant ses énervements lorsqu’on lui tapait trop sur les nerfs. Enfin… Là ce n’était pas pour lui, même s’il était légèrement énervé. Il revint dans la chambre et tendit les antidouleurs et le verre d’eau au garçon.

« Tiens, ça devrait calmer ta douleur. » lui dit-il avec douceur, n’aimant pas voir le gamin dans cet état.

Damien avait vraiment mal. Il s'était à peine rendu compte que Désiré était revenu. Il apprécia la main passée dans ses cheveux, mais ça dura trop peu longtemps à son goût. Il savait très bien que ce n'était qu'un cauchemar, mais il était tellement réel... Et aux yeux du petit prince, il ne faisait que montrer la réalité. Comme il ne voulait pas affronter la réalité, il ne pouvait arriver à se calmer. Quand son maître amena le médicament, le jeune homme se redressa avec difficulté et pris les antidouleurs et le verre d'eau. Ce dernier tremblais dans sa main. Il avala avec peine le médicament et l'eau, sa gorge le faisant souffrir à ce simple geste. Il redonna le verre à l'homme et se laissa retomber sur le dos, tentant de ne pas se faire trop mal. Il murmura, à bout de souffle:

"Mer... merci..."

Il garda les yeux ouverts, il ne voulait pas se rendormir. Il aurait voulu plus que tout en ce moment être consolé et rassuré. Mais il savait bien qu'il n'avait aucune chance que ça arrive. D'abord, car il semblait avoir mis Désiré à bout, mais surtout, celui-ci ne semblait pas être le genre de personne à être câline... Il dit alors:

"Je suis désolé..."

Il s'excusait de ne pas être un bon esclave, il se savait être un poid plus qu'autre chose pour son maître.

Désiré laissa le jeune homme prendre le verre et les médicaments, gardant tout de même une main sous le récipient en verre au cas où il tomberait. Après tout, le garçon était faible et tremblait. L’espion n’avait vraiment pas envie de changer les draps s’ils étaient mouillés. Par chance, le blondinet ne renversa pas la moindre goûte d’eau. Désiré fut soulagé. Au moins n’aurait-il pas à s’énerver une nouvelle fois. Il fallait qu’il reprenne son calme. Le gamin s’excusait, c’était déjà ça. Il se rendait compte qu’il ne faisait que l’ennuyer. C’était un bon début.

« Tout n’est pas entièrement d’ta faute. T’es malade à cause de l’endroit pourri où t’étais avant de venir ici. »

Désiré ne comprenait pas comment on pouvait laisser les esclaves dans des cages sales, le corps pratiquement nu et affaibli. En plus, on ne les nourrissait presque pas. Les propriétaires de ces boutiques traitaient vraiment leurs esclaves comme des bêtes, et encore. Ils devaient mieux s’occuper de leurs animaux de compagnie. Le rouquin détestait vraiment qu’on traite des êtres vivants ainsi. Ce n’était pas parce qu’ils venaient d’un royaume ennemi qu’il fallait les punir. Il fallait plutôt bien s’occuper d’eux pour qu’ils évitent de trahir leurs maîtres. Du moins, c’était ainsi que l’espion voyait les choses. Surtout que le jeune homme qu’il avait acheté avait l’air de venir d’une famille puissante. Donc il fallait faire attention à lui.

« Tu veux un somnifère ? Tu dormiras sans faire de rêves comme ça. » proposa Désiré, plus pour avoir la paix pour dormir que par grand intérêt pour le jeune homme. Il était vraiment fatigué et ne souhaitait qu’une chose : dormir sans être déranger par les cauchemars de son invité.

Damien se mordit légèrement la lèvre et il se dit en lui même:

*Je suis malade parce que je suis né trop tôt... et j'ai tué mon père parce que j'ai pas pu attendre plus longtemps avant de naître, j'ai tué mon autre père alors qu'il s'occupait de moi et j'ai réussit à me mettre mon propre frère à dos... Je suis maudit...*

Il secoua simplement légèrement la tête. Son environnement avait joué contre lui, mais ce n'était pas que ça... peut-être que s'il ne c'était pas abattu aussi vite, il ne serait pas aussi malade. Quand Désiré lui proposa un somnifère, il hésita un moment, il ne savait pas exactement si c'était une bonne idée. Mais s'il pouvait se reposer sans cauchemarder, il ne pouvait pas refuser. Il répondit alors:

"J'aimerais bien..."

Il attendit que le roux lui apporte le médicament et l'avala, ça ne mit pas beaucoup de temps à faire effet. Il plongea alors dans un sommeil profond et il ne rêva pas de la nuit. Le somnifère fit effet plus longtemps qu'il n'aurait dû, le jour était levé depuis longtemps quand le petit prince rouvrit les yeux. Il se sentait déjà un peu mieux, mais il n'était pas encore rétabli. Un gémissement passa ses lèvres, il se sentait complètement engourdit.

A la réponse que lui donna le garçon, Désiré retourna dans la salle de bain et ouvrit de nouveau l’armoire à pharmacie. Il en sortit une boîte de comprimés et en prit seulement un. Cela suffirait au blondinet. Trop serait inutile et surtout dangereux pour lui. Il était déjà assez affaibli et une dose de cheval pour son corps frêle serait une prise de risques. L’espion revint ensuite dans la chambre d’ami et tendit le somnifère et le verre d’eau au jeune homme. Les effets furent rapides. Quelques minutes plus tard, le gamin dormait profondément. Les traits de son visage étaient moins tendus, ce qui montrait qu’il ne faisait aucun cauchemar. C’était tant mieux. Désiré allait enfin pouvoir dormir.

Il reprit sa place dans le fauteuil et ne mit pas bien longtemps non plus à s’endormir. Il était exténué et était sûr de dormir jusqu’à ce que le jour se lève. Les heures passèrent donc calmement et la lune finit par laisser sa place au soleil. Désiré avait l’habitude de se réveiller aux premières lueurs, sans l’aide d’un réveil. Il s’étira longuement et sentit que sa position assisse ne lui avait pas fait du bien. Il avait un peu mal au dos. Mais tant pis. Cela finirait par passer. Et, voyant que le garçon dormait encore profondément, le rouquin se dit qu’il avait le temps de faire ce qu’il faisait habituellement le matin. Il alla prendre son petit-déjeuner puis se rendit dans sa salle de musculation. Il dut passer une bonne heure à faire ses exercices. Il aimait entretenir son corps.

Et une fois sa séance de musculation finie, il se rendit dans la salle de bain pour prendre une bonne douche. L’eau coulant sur son corps lui faisait du bien. Puis à sa sortie de la douche, Désiré enfila un caleçon et un jean délavé qu’il affectionnait beaucoup. Le pauvre vêtement était déchiré par endroit mais cela entretenait son image de bad boy, même s’il n’en était pas vraiment un. Il n’y avait qu’à voir avec quelle gentillesse il avait pris soin du blondinet. Il aurait tout aussi bien pu le laisser dormir avec ses cauchemars ou le laisser souffrir. Mais à la place, il lui avait donné des médicaments pour aller mieux. Bon, il devait avouer qu’il avait fait cela aussi pour être tranquille et pouvoir dormir sans être dérangé.

Après avoir enfilé une chemise blanche et froissée, le rouquin alla dans la chambre d’ami pour voir comment allait le garçon. Il vit que celui-ci s’était réveillé. Il avait l’air moins fatigué que la nuit passée. C’était une bonne chose. Mais il restait néanmoins faible. Sa maladie n’allait pas partir en une seule nuit. Il lui faudrait encore quelques temps pour se rétablir complètement. Mais après plusieurs jours au chaud, cela ne devrait pas prendre longtemps. Désiré s’approcha du lit et s’assit sur son fauteuil pour regarder de plus près le jeune homme. Quelque chose n’allait pas. Mais quoi ?

« Salut. Comment tu t’sens ? » demanda t-il calmement en passant une main sur le front du garçon pour retirer les mèches blondes qui cachaient un peu ses yeux bleus.

Les somnifères semblaient avoir un effet négatif sur Damien depuis son réveil... Il était tout engourdi, il se sentait un peu fiévreux, mais surtout, il avait un de ces mal de crâne... Même si ça paraissait étrange, il n'aimait pas être seul et voulait que son maître revienne dans la chambre. Il s'ennuyait énormément de son grand frère et de ses câlins... Mais jamais il oserait demander à Désiré de lui en faire un. Voir celui-ci enfin arriver rassura le petit prince. Sa tête s,appuya tout naturellement à la main de l'homme quand il la passa sur son front. Il devait avoir l'air d'un chat à la recherche de caresse, mais bon... À la question, il répondit faiblement:

"Bonjour... Je me sens plus ou moins bien, mais c'est déjà mieux que cette nuit..."

Il utilisa toutes ses forces pour parvenir à s'asseoir. Il failli retomber mais parvint à garder un certain équilibre.

"Déjà comme ça, ça va un peu moins bien..."

Il ferma les yeux, cherchant à calmer son douloreux mal de tête. Il murmura alors:

"Je me sens étourdit et engourdit et fiévreux et ma tête me fait tellement mal!"

Les blessures qu'il avait eues chez le marchand lui faisaient aussi mal, mais il ne le sentait presque pas tellement son attention était sur sa migraine.

Désiré avait remarqué le léger moment de tête du garçon. On aurait dit un petit chat qui cherchait la chaleur et la tendresse humaine. Il devait être vraiment en manque d’affection pour avoir ce geste envers un quasi-inconnu. Sans doute était-il habitué à en recevoir dans son royaume. En tout cas, ce ne serait pas de la part de l’espion qu’il en aurait des tas. Le rouquin voulait bien passer de temps en temps sa main dans ses cheveux ou sur sa joue mais ce serait tout ce qu’il ferait. Il n’était pas très câlin, à part avec les personnes qu’il aimait beaucoup. Et il n’y avait que très peu dans ce monde. La personne avait qui il avait été le plus proche était malheureusement morte. Pauvre Will.

« Ca peut pas être pire je pense. » ajouta Désiré avec une légère grimace, se rappelant que le garçon avait été presque sur son lit de mort la veille.

S’il était resté dans cette maudite boutique un jour de plus, il serait sans doute mort de faim et de maladie. Heureusement que l’espion était passé par là et qu’il l’avait recueilli. Cela faisait du bien de voir le blondinet avec un peu plus de couleur sur le visage et des paroles moins pessimistes à la bouche. Dans quelques jours, il pourrait de nouveau marcher. Désiré espérait qu’il n’en profiterait pas pour s’enfuir. Dans les premiers temps, il verrouillerait sans doute la porte d’entrée pour ne pas prendre de risques. Ensuite, selon le comportement du garçon, il verrait. De toute façon, même si le blondinet s’enfuyait, il n’irait pas très loin. Il reviendrait sans doute de lui-même chez Désiré. Les rues n’étaient pas très sécurisées pour un esclave, surtout aussi mignon que lui.

« C’est sans doute les effets secondaires des somnifères. Ca donne la gueule de bois à certains… Tiens, t’as qu’à prendre ça. Mais que ça ne devienne pas une habitude. » précisa t-il en tendant un antidouleur et le verre d’eau. « Sinon, tu as faim ? »